Ouverture, tango
Une fleur rouge derrière l’oreille, nu, la bouche entrouverte, il l’attend au bar du coin. La robe collée à la peau, elle entre, une démarche de louve, la bouche sèche. Lui, la dévore du regard ; elle, ses jambes tremblent, mais elle feint de ne pas le voir avant de contourner la table par derrière, poser le bras sur le dossier et se pencher, lascive, vers sa bouche. Dans la profondeur du baiser, il se lève, l’assied sur la table, lui baisse la robe et la lèche. Maintenant qu’elle sent la rugosité de sa langue à lui sur les seins, elle laisse aller la sienne vers la fleur et la cueille entre les dents. Il reste un moment à la regarder, puis la fait basculer en arrière, lui retire la robe par en dessous et la jette avec rage par terre. Un murmure se répand dans le bar, un serveur laisse tomber son plateau avec fracas et une dame s’évanouit, tandis que, dressée et rouge, sa verge pointe avec certitude. Une seconde, les respirations s’arrêtent dans l’attente de l’entrée triomphale, une seconde au cours de laquelle l’homme dans sa vanité en oublie presque son objectif. Lorsqu’il entre enfin, elle libère un chant aigu, soulagement et joie, et le public acquiesce en chœur. Au fur et à mesure que le contrepoint se prolonge, la mélodie se fait de plus en plus aiguë et s’achève, juste après la frénésie la plus intense, en un murmure harmonieux. Il s’est allongé sur elle, la fleur est tombée sur un coin de la table, il la cueille de la main et lui caresse la joue avec les pétales. Lire la suite