Les anges, paraît-il, avaient, en une langue mallarméenne, musicale mais hermétique, adressé un message aux bergers. L’évangéliste Luc l’a rapporté en grec, saint Jérôme l’a traduit en latin et ceux qui, depuis Vatican II, doivent donner au peuple une version en « langue vulgaire » ne tombent pas d’accord. Deux interprétations opposent radicalement les exégètes, depuis qu’ils associent linguistique structurale et philologie avec la mauvaise foi des docteurs de la loi et l’assurance des Pères de l’Église.
Pour les humanistes, les anges ont, au milieu des hautbois et des musettes, clamé : « Paix aux hommes de bonne volonté ». Autrement dit, la paix est un choix que font les hommes, en particulier les « décideurs » : premiers ministres ou chefs charismatiques.
Cette lecture, pour les providentialistes, met le Tout-Puissant en dehors du processus de négociation. Intenable ! Les anges, en réalité, ont souhaité la paix « aux hommes que Dieu aime ». Ladite paix, toutefois, ne règne pas dans le clan des providentialistes divisés en progressistes et conservateurs. Les premiers traduisent : « Paix aux hommes, car Dieu les aime », quels que soient leur sexe, leur âge, leur fortune, leur race et même leur religion. Les autres, où subsistent quelques néo-jansénistes, trouvent juste et bon de réserver les sentiments positifs du Tout-Puissant aux happy few prédestinés à la tranquillité terrestre, puis à la béatitude éternelle : « La paix, mais pour les élus ». Les autres ? Qu’ils se débrouillent ! Lire la suite →