C’était à Coronmeuse, faubourg de Liège, dans le jardin de mon père fleurissait une tulipe. Nous étions en mars, le mois de la guerre chez les Romains. Mars 1940, on attendait la ruée de l’armée allemande dans la grande trouée de la Meuse, comme en août Quatorze. J’aurais voulu retenir l’été, qu’il ne vienne pas.
J’aurai bientôt dix-huit ans. Je savais allumer un feu de bois sous la pluie, pêcher la truite à la main comme on vole les baisers des filles et les pommes de leur corsage. Je lisais mon premier Ramuz et André Bâillon. J’aimais ma ville, ses quais et ses jardins, la Meuse et, fou d’Ardenne, l’Ourthe était mon paradis des vacances. Lire la suite
