C’est une femme. Elle est empaquetée. Buste, bras, épaules, tête, visage, tout est emballé. Une femme. Un cocon. Un ballot. Un colis ficelé. Une femme vivante. Elle attend.
L’image est heurtée, imprécise, subreptice. Une prise de vue clandestine. Mais je distingue bien la femme enveloppée de linges, debout, seule, immobile, au centre d’un cercle d’hommes. Soudain, dans le champ visuel, à une dizaine de mètres, un second spectre blanc, identique au premier. Une autre femme sans visage. Une momie. Inerte sous les cris.
Le son est imparfait, chancelant. Les cris, incompréhensibles. Mais leur inflexion est agressive, gutturale, hargneuse. Dans le lointain une voix mâle, nasillarde, chante dans un micro de languissantes incantations. Sur un ton aussitôt soumis, monocorde, les hommes en cercle répètent machinalement les dernières syllabes de cette prière. Entre les dévotions, ces mêmes voix, à nouveau haineuses, exaltées, véhémentes, vomissent des injures. Lire la suite →