Maintenant que le soir tombe, que les affaires se calment, je peux reprendre mon récit là où je l’ai laissé hier. Voilà des jours que je ne suis rentré chez moi, que j’abandonne mes intérêts au profit de cette avalanche de notes, de mémos et de mémoires sans fin.
Voilà des mois que je griffonne, tapote, téléphone, envoie des mails, rappelle mes correspondants, leur soulignant tel ou tel point de la loi. Des mois qu’ils me répondent que la loi n’est pas une, mais territoriale, que le droit est une affaire de mœurs, une coutume annoncée et qu’il faut alors le respecter comme une divine bavure du sacré sur les hommes.
Je suis peintre, aquarelliste, je passe mon temps à guetter la lumière et à la saisir dans l’eau perlant de mon pinceau mouillé d’un peu de couleur. Je lisse le temps dans des lavis et je me protège des intempéries et des coups de vent fréquents dans la région en me coiffant d’un chapeau de pêcheur un peu ridicule mais qui me donnait l’air de quelqu’un qui va couper ses rosiers un dimanche. Je passe dans la vie en laissant derrière moi les vagues traces de ce que j’ai émondé. Mais je ne vois rien dans mon horizon qui m’empêcherait ou m’ordonnerait d’avancer. La vie est calme, un peu bête, c’est vrai mais suffisante. Lire la suite →