« Wesh ! » a dit le petit en entrant le premier dans le bateau-mouches. Mouches au pluriel, siouplaît, avec plein de s qui tournoient autour. Des s bourdonnant comme les insectes qui volent au-dessus de mon visage et s’accrochent à ma barbe comme au paquet de merde que je suis. Mouche au singulier, mon cul oui ! Je les entends les guides qui racontent ces sornettes aux passagers. Comme quoi ce serait un certain Jean-Baptiste Mouche, bras droit d’Haussmann, qui aurait donné son nom à ces rafiots ras-la-Seine qui baladent les Chinetoques et autres Japs de l’île de la Cité à la fausse statue de la Liberté et retour. Mes burnes, oui. Les mouches, j’vous dis ! Car pour être de la merde, j’suis pas le seul sur la Seine ! La coque est rouillée, les moules s’accrochent dans les fêlures et les rats courent dans la soute une fois que les touristes ont quitté le navire. Comme quoi, n’est pas rat qui croit ! Moi, le soir venu, les lumières du pont Alexandre III allumées et la tour Eiffel scintillante, je laisse mon débarras (« Bon débarras ! » me souhaite chaque matin, comme on dit bonjour, le cap’taine, mon hôte, quand je descends dans mon placard pour roupiller et attendre que la journée de taf se termine), monte sur le pont et prends possession de la ville. Et pourquoi pas, me dis-je chaque nuit, du monde ? Faut pas se mettre des barrières ! Après tout, le ciel, le fleuve et les océans au bout sont à moi ! À moi. Bibi. Lire la suite