Il le fallait. La loi était pour nous. Depuis le temps qu’on nous le répète : les Juifs sont un corps étranger dans la France, quoi qu’ils fassent, ils ne seront jamais français, à l’exemple de ce Blum qui en accordant tous les droits aux crapuleux en casquette, a préparé la défaite de notre pays. Même lorsqu’ils cessent de se rendre à la synagogue, de manger casher, de se marier entre eux – car il leur arrive d’épouser nos propres filles, quand ce ne sont pas leurs filles qui épousent nos garçons ! –, ils restent juifs dans l’âme, et jamais du vrai sang français ne coulera dans leurs veines. L’exposition du Palais Berlitz a bien mis les choses au point, non seulement en nous apprenant à reconnaître les Juifs, mais en démontrant qu’ils étaient partout, dans les affaires, la politique, la presse, le cinéma, les arts, le théâtre, la chanson, et j’en passe. Avec l’obligation qui leur a été faite de porter l’étoile jaune, nous nous sommes sentis un peu plus tranquilles. Certains d’entre nous qui portaient des noms suspects – mais tous les Rosenberg, on le sait, ne sont pas juifs ! – ont pu obtenir un certificat de non-appartenance à la race juive du Commissariat général aux questions juives. Louis-Ferdinand Céline, l’un de nos plus grands écrivains, a eu bien raison d’écrire dans Les beaux draps que le Juif « a qu’une chose d’authentique au fond de sa substance d’ordure, c’est sa haine pour nous, son mépris, sa rage à nous faire crouler toujours plus bas en fosse commune ». Et aussi : « Ça serait prudence élémentaire, les Juifs absolument exclus, autrement c’est la catastrophe, c’est la culture aux abîmes, au reptilarium kabalique, aux gouffres de l’arrière-pensée ». Ah ! Ce n’était pas une belle âme, Céline, mais un vrai Français qui disait tout haut, et avec quel talent, ce que la majorité des Français, je veux dire des vrais Français, pensaient tout bas. Lire la suite →