On a beau être né de sa terre, sa terre rouge et grasse ; se savoir issu de sa souche et revendiquer sa parenté jusqu’à la plus lointaine génération, ce pays de combes moussues, ondulant jusqu’aux premiers chuchotements de la forêt de Bessède, ne cesse jamais d’émerveiller celui qui gravit à pas lents, chaque matin, le petit tronçon de route qui remonte du cimetière de Saint-Jean, et s’arrête, une main appuyée sur le plat de son bâton de marche, le dos légèrement fléchi, pour étancher son regard au ravissement de l’indicible émergence des choses dans la brumeuse clarté d’un jour gorgé d’automne. Le silence, à cette heure encore indécise entre deux métamorphoses du paysage, se perçoit aux clapotements de l’air qu’un petit rapace nocturne remue d’une aile lasse en amorçant sa descente vers le toit pointu du pigeonnier de la propriété voisine. La maison restera fermée jusqu’à l’été prochain, lorsque les vacances ramèneront les occupants saisonniers d’un patrimoine familial désertifié, confié aux soins experts d’une société de propreté locale. Lire la suite