Dès que cette fille bronzée, aux longues jambes, aux yeux brun vert, s’est approchée de moi, je me suis dit que je n’aurais jamais dû m’asseoir à cette terrasse, à cette heure de la journée, que malgré le soleil de cette fin d’après-midi il ne fallait pas porter des lunettes noires, que je devais me lever et partir… mais c’était trop tard.
Elle est là, devant moi, elle me regarde, je prends mon verre de vodka tonic et me concentre sur les glaçons qui tournent lentement devant mes yeux, mais j’aperçois quand même ses seins ronds qui dessinent le décolleté de sa courte robe brillante, du même gris acier que la carrosserie de ma nouvelle Porsche. Elle désigne le siège inoccupé en face de moi : « Vous permettez ? » Je détourne la tête : « Non, désolé ! » Elle tire le siège vers elle et s’assied. Je pense : « Elle n’a pas l’air d’une pro mais elle agit exactement comme si elle l’était », et j’évite son regard et sa bouche. Elle pose la main sur mon verre et l’écarte de mon visage. Je suis en tee-shirt et en jean, je porte un blouson métallisé, je suis mince et je me teins les cheveux. Je ne devrais pas paraître mes cinquante-quatre ans mais mes mains, peut-être ? Ou alors cet air agacé que j’ai pris trop vite ? Ou alors la vodka ? Mais c’est incolore et inodore, et c’est pourquoi j’en bois. Lire la suite