On n’habite pas un pays, on habite une langue.
Une patrie, c’est cela et rien d’autre.
E.M. Cioran
Il avait lu, des années auparavant, le journal d’un cinéaste allemand qui, apprenant la nouvelle de la maladie d’une amie, critique de cinéma qu’il chérissait, avait voulu faire à pied le trajet entre Munich et Paris pour la rejoindre. Selon une croyance qui a jeté sur la route des millions de pèlerins de toute religion, ce cinéaste pensait que la lenteur et l’effort du voyage à pied incitent le dieu auquel on croit à exaucer la prière qu’on lui adresse. Et conduisent au salut du marcheur. Ont-ils raison ? Et est-ce le mot qui convient ? Mais, toute rationalité suspendue, je me suis demandé quelle était la prière de Paul A., cet homme avec qui j’avais entretenu une relation aussi passionnée que distante, quand il entreprit de marcher du sud de l’Europe, où son cheminement l’avait mené, jusqu’à Bruxelles. Et si, au-delà de son propre salut, un autre miracle l’attendait au bout de sa route. Lire la suite
