Description
12 avril 2020 : en plein confinement, celui qui présidait au destin de Marginales, cet « autre Grand Jacques » dont plusieurs auteurs avaient célébré, 25 ans auparavant, le demi-siècle, nous quittait. La presse a titré de sa phrase usée : « il a tiré sa révérence ». Pas sûr que Jacques De -Decker aurait apprécié la formulation, qui suppose, dans son sens premier, l’accord et la volonté de celui ou celle qui s’en va.
Il l’écrivait dans l’éditorial qu’il prévoyait pour ce numéro de Marginales dont il ignorait qu’il serait le dernier pour lui : cette catastrophe qui s’abat sur le monde nous « atteint au plus profond, au plus secret, au plus sacré même. Elle interdit d’assister les mourants, de les saluer lors de leur départ. Des victimes du virus s’en vont sans le moindre signe d’hommes, de dévotion et de regret. Ces derniers adieux inaccomplis laisseront des cicatrices dans les cœurs. Des vies se trouvent gommées distraitement, sans qu’il soit possible de venger ces non-assistances. Celles et ceux qui auraient dû les assurer auraient risqué leur propre survie. La tragédie est un mot pauvre pour désigner l’épreuve infligée. »