Description
Où qu’on tourne la tête, l’époque nous confronte à des phénomènes inédits qui ont souvent pour point commun de n’être que le produit d’un esprit de bricolage hâtif face à des défis que l’on n’a pas pu (voulu) voir arriver. Si les Grecs n’avaient pas retenu de leur héritage culturel que l’occasion d’exploiter des sites considérés comme les produits d’appel d’un tourisme industrialisé. Si les pays asiatiques n’avaient pas eu le sentiment confus que leur culture n’était considérée en Occident qu’en tant que curiosité décorative, et non comme un réservoir ancestral de sagesse. Si l’informatisation avait été accompagnée d’une batterie de règles comme l’avaient été, en leur temps, l’imprimerie, la radio et la télédiffusion. Si la critique des régimes communistes n’avait pas été basée exclusivement sur les aspects les moins édifiants de leur fonctionnement. Si…
La question, aujourd’hui, se complique du fait qu’il faut accompagner la correction des erreurs anciennes de l’invention de modes d’approche nouveaux. La matière grise, alors qu’elle est mise à l’épreuve plus que jamais, se doit de produire deux dynamiques en même temps : celle de la mise en question des négligences anciennes, d’une auto-fustigation indispensable, et la mise en œuvre de concepts nouveaux qui, en plus, se servent des moyens de communication qui saturent de plus en plus les réseaux.
La matière crise, c’est cela : un matériau qu’il faut savoir traiter pour en tirer le meilleur résultat. Cela ne consiste pas à mettre des emplâtres sur des jambes de bois, à rafistoler des mécanismes qui de toute façon retomberont en panne tant qu’on ne les aura pas reconçus de fond en comble. Le tout est de savoir si la matière crise est morte ou vivante.