Le baron Philippe Roberts-Jones, né à Ixelles le 8 novembre 1924, est conservateur en chef honoraire des Musées royaux des beaux-arts de Belgique, membre de l’Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique dont il fut président en 1980 et secrétaire perpétuel, membre de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, membre de l’Institut de France (associé de l’Académie des Beaux-Arts) et professeur émérite à l’Université libre de Bruxelles.
Auteur prolifique, il s’est également consacré à la poésie et à l’histoire de l’art.
Descendant d’une très ancienne famille belge d’origine britannique établie à Bruxelles qui s’est consacrée au début du xixe siècle à l’industrie de la carrosserie, Philippe Roberts-Jones est le fils de Robert Roberts-Jones, né en 1893, et de Suzanne Goemaere, née en 1892. Il est né le 8 novembre 1924 à Ixelles, Belgique. Le jeune Philippe effectue ses études à l’athénée communal d’Uccle I. Il y a comme professeur de français Pierre Gilbert qui l’encourage à écrire de la poésie.
Son père, Robert Roberts-Jones (1893-1943), avocat, était un résistant et patriote, membre du Réseau Comète, fusillé par les nazis au Tir national le 20 octobre 1943. À peine âgé d’une vingtaine d’année, Philippe s’engage dans l’Armée Secrète, comme volontaire, et devient officier de liaison auprès de l’armée britannique.
Lors de sa démobilisation en 1946, Roberts-Jones s’inscrit à l’Université libre de Bruxelles pour étudier le droit ainsi que l’histoire de l’art et de l’archéologie. Il obtient en 1950 son diplôme de licencié en Philosophie et Lettres, section histoire de l’art et archéologie, et de candidat en Droit. Après avoir obtenu son diplôme, il poursuit ses études à l’étranger, d’abord à l’Université de Harvard et puis au Salzburg Seminar in American Studies. Encouragé par sa mère, c’est au cours de ces années qu’il commence à publier ses premiers recueils de poésie. Le premier, Le Voyageur de la nuit, parait en 1947.
Il poursuit des études d’art grâce à une bourse financée en 1951 par l’accord culturel franco-belge, signé par la France et la Belgique en février 1946. Boursier « Foreign Leaders Grant » dans le cadre d’un programme du Département d’État des États-Unis d’Amérique, il est de 1952 à 1954 aspirant du Fonds National de la Recherche Scientifique de Belgique. En 1953, il s’installe à Paris et devient attaché au Cabinet des Estampes de la Bibliothèque Nationale de France jusqu’en 1954. Sous la supervision du conservateur Jean Adhémar, Roberts-Jones y fait des recherches sur la presse satirique française entre 1860 et 1890.
En 1954, Philippe Roberts-Jones épouse Michèle Heurtault, dont il aura deux fils, Eric, né en 1956 et Olivier, né en 1961.
En 1955, Roberts-Jones défend sa thèse de doctorat en philosophie et lettres à l’Université Libre de Bruxelles dont le sujet est La presse satirique illustrée entre 1860 et 1890. Ce travail aboutit en 1960 par la publication de son essai De Daumier à Lautrec ; essai sur l’histoire de la caricature française entre 1860 et 1890.
En 1956, il devient Inspecteur des Bibliothèques Publiques auprès du Ministère belge de l’Instruction Publique, poste qu’il occupe jusqu’en 1958 avant de devenir attaché culturel au cabinet du Ministre de l’Instruction Publique Charles Moureau.
Dès 1957, il obtient un poste de chargé de cours à l’Université Libre de Bruxelles sur l’histoire de la gravure. En 1959, il crée le cours sur l’art contemporain et il fonde la chaire d’Histoire de l’art contemporain qu’il occupe comme professeur extraordinaire. En 1962, il obtient le grade de professeur ordinaire, poste qu’il occupe jusqu’en 1989. Parmi les nombreux sujets que couvre son enseignement, il se distingue dans l’enseignement de la muséologie et la promotion de l’art contemporain. Il crée en 1969 la sous-section d’art contemporain comme une section distincte du programme d’histoire de l’art à l’Université libre de Bruxelles.
Il commence sa carrière dans les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique en tant que conservateur en 1959. En 1961, à seulement 38 ans, il en devient le conservateur en chef, poste qu’il occupe pendant près d’un quart de siècle, jusqu’à son départ à la retraite en 1984. Le musée était alors en mauvais état, de nombreuses galeries, dont celles d’art moderne parmi eux, étaient fermées pour cause de travaux. À cela venait s’ajouter le manque de personnel pour la recherche et pour les activités de conservation. Pour remédier à cette situation, Roberts-Jones nomme entre 1961 et 1964 une nouvelle équipe de conservateurs, parmi lesquels son futur successeur Henri Pauwels et un historienne de l’art, Françoise Popelier, qui deviendra sa seconde épouse.
Nommé professeur ordinaire à l’Université Libre de Bruxelles en 1962, il inaugure la même année le Musée provisoire d’Art Moderne, dans l’ancien Hôtel du Lotto, sur la Place Royale à Bruxelles, dont l’exiguïté lui valut le nom de « Musée de poche ».
Sous la direction Roberts-Jones, de nombreuses expositions furent organisées par les Musées royaux des Beaux-Arts à Bruxelles. Parmi celles-ci, la plus importante a été la rétrospective Le Siècle de Bruegel sur Pieter Brueghel l’Ancien qui a contribué à rétablir la réputation de ceux-ci16. Cette rétrospective fut suivie, en 1965, par celle du Siècle de Rubens.
En 1966, Roberts-Jones est nommé vice-président du conseil d’administration de l’Institut Supérieur d’Histoire de l’Art et d’Archéologie de Bruxelles. De 1971 à 1973, il assure la présidence de l’Association des Musées de Belgique et du Comité National belge du Conseil International des Musées (ICOM). Il assure également la présidence de la section d’Histoire de l’Art et Archéologie de l’Université Libre de Bruxelles de 1971 à 1974.
Inauguration des extensions des MRBAB le 26 février 1974. De gauche à droite le ministre Pierre Falize, la Reine Fabiola, le Roi Baudouin, Philippe Roberts-Jones, Guy Cudell et, derrière Philippe Roberts-Jones, le ministre Edmond Leburton.
C’est sous sa direction que les Musées royaux des Beaux-Arts connaissent leur plus grande expansion. Construites dans le prolongement de l’édifice érigé par Alphonse Balat, de nouvelles extensions et leur 53 salles d’exposition permettent en 1974 la création du Musée d’Art Ancien et du Musée du XIXe siècle. Inaugurées en présence du Roi Baudouin et de la Reine Fabiola, elles permettront d’exposer le legs exceptionnel, le plus important dans l’histoire du Musée, du docteur Franz Delporte. Roberts-Jones démarre la construction du nouveau Musée d’art moderne en 1978 qu’il inaugure en 1984. À son départ, il est nommé conservateur en chef honoraire des Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique22. Au total, Philippe Roberts-Jones aura organisé 92 expositions.
En 1974, Roberts-Jones est élu membre correspondant et l’année suivante membre de l’Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique. En 1980, il est élu président de l’Académie royale de Belgique et directeur de la Classe des Beaux-Arts. Depuis 1981, il est vice-président du PEN club francophone de Belgique et codirecteur du Journal des Poètes. Il est élu le 9 avril 1983 membre de l’Académie de langue et de littérature françaises de Belgique14. Roberts-Jones est élu Secrétaire Perpétuel de l’Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-arts de Belgique le 17 novembre 1984, fonction qu’il occupe de 1985 à 1999. Il est élu membre de l’Académie des Beaux-arts de l’Institut de France le 12 février 1986, au fauteuil de Lila Bell Acheson Wallace. Son discours d’installation en tant que membre associé étranger est prononcé par Germain Bazin le 10 juin 1987 sous la Coupole de l’Institut de France.
Pour ses réalisations en tant que conservateur en chef des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, il est anobli par le roi Baudouin en 1988, recevant le titre de baron. La même année, il est désigné directeur de l’Académie royale de langue et de littérature françaises et les Musées royaux des beaux-arts de Belgique lui rendent hommage en publiant le livre Miscellanea Philippe Roberts-Jones. Il devient Professeur émérite de l’Université libre de Bruxelles en 1989 (chaires d’Histoire de l’Art contemporain, d’Histoire de la Gravure, de Muséologie et cours de Notions d’Histoire de l’Art et d’Archéologie XVIIe-XVIIIe siècles). Membre de jury d’experts, il participe de 1995 à 1997 à la sélection des billets de banque de l’euro à l’Institut Monétaire Européen et à la sélection des pièces belges à l’Hôtel des Monnaies de Bruxelles. Il est reçu le 2 juillet 1997 à l’Academia Romãnã à Bucarest. En 2005, l’exposition Dr Roberts et Mr. Jones lui est dédiée.
En 2007, il participe à la rentrée des cinq Académies de l’Institut de France par un discours sur le thème des identités nationales et universalité de l’esprit, intitulé Les liaisons difficiles.
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