N° 256 – Othello, Lear, Macbeth : quatre siècles en scène

 
Épuisé
 

Description

En cet automne 1604, l’auteur nommé Shakespeare est la coqueluche de Londres. Il n’a pas quarante ans, mais il a déjà quelques exploits à son actif. Ses pièces ont fait des tabacs, dans tous les genres. Ses comédies ont diverti, ses pièces historiques ont rafraîchi les mémoires, et puis surtout deux tragédies ont fait courir les foules vers le théâtre en forme de tour de bois dont il est le principal pourvoyeur en textes, sur la rive sud de la Tamise. L’une, « Roméo et Juliette », a touché jeunes et vieux, il n’y a pas plus captivant qu’une belle histoire d’amour et de mort, et les spectateurs ont été émus aux larmes par cette histoire de deux tendrons qui s’adorent alors que leurs clans se honnissent. Il suffit alors d’en rajouter dans le registre des hasards contraires, et le public se pâme. Shakespeare n’a pas toujours une vision aussi fervente de l’amour, mais avec ces jouvenceaux de Vérone, il en a remis dans le registre de la passion absolue, et c’était visiblement ce que le public attendait.

Avec « Hamlet », il les a secoués d’une autre façon. Il y a de l’amour aussi dans cette histoire, mais il est plus trivial. Claudius et Gertrude sont allés jusqu’au crime pour assouvir leur attirance physique, et cela crève les yeux d’Hamlet, éperdu d’attachement œdipien pour sa mère : il en déduit que les femmes sont frivoles, toutes, y compris sa petite fiancée Ophélie, qu’il traite de traînée, et qui finira par se noyer de désespoir. Dans cette tragédie-là, il s’est investi pleinement, jusqu’à accepter, lui qui n’aime pas trop apparaître sur scène, de jouer le spectre du père vengeur. Il est vrai qu’il était dissimulé sous une armure, ce qui permettait, de plus, de rendre sa voix méconnaissable…

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